Amelita Galli-Curci

Biographie

Lita
Lita à l’âge de 4 ans
La légende dit qu’à 1 an, Lita pouvait chanter parfaitement les comptines de sa mère
Amelita est née à Milan le 18 novembre 1882. Elle est la fille d’Enrico Galli, un riche homme d’affaires, et d’Enrichetta Bellisoni dont le père était chef d’orchestre et la mère soprano de renom. Elle commença à étudier le piano à l’âge de 5 ans avec sa mère puis à 7 ans, elle assista pour la première fois à un opéra, Les huguenots. Elle déclarera plus tard qu’à cette occasion, elle avait préféré le ballet aux chants et qu’elle avait ensuite tenté de faire danser ses poupées !

Amelita suivit ses études à l’Institut international (1895-1901) puis au Lycée Alessandro Marzoni (1901-1905) où elle put non seulement faire preuve de ses talents musicaux mais également apprendre cinq langues.

Ayant réalisé des progrès significatifs au piano, Amelita semblait destinée à une carrière de pianiste. En 1905, à l’âge de 23 ans, elle remporta le Premier prix de piano du Conservatoire et se vit offrir un poste d’enseignante. Elle accepta cette proposition et envisagea de s’installer comme professeur et pianiste.

Rapidement cependant, le compositeur Mascagni, un vieil ami de la famille, allait changer sa vie. Au cours d’un récital privé d’I puritani, il entendit la voix de soprano d’Amelita et lui déclara qu’elle deviendrait une grande artiste, mais pas en tant que pianiste. Elle serait plutôt une merveilleuse chanteuse. Amelita promit alors de tenter sa chance dans cette voie…ce qu’elle fit en effet.

Après des années de dur travail, Amelita avait réussi à maîtriser le piano mais sa voix était un don de Dieu dans lequel elle était pratiquement autodidacte. Sa grand-mère, pour qui Amelita éprouvait une immense admiration et qui avait accepté de l’assister dans son apprentissage du chant, décéda rapidement. Peu de temps après, le père d’Amelita commença à connaître des difficultés professionnelles et dut partir en Argentine avec ses deux fils pour tenter de sauver son entreprise. Amelita ne devait plus jamais le revoir. Elle demeura en Italie en compagnie de sa mère et se consacra pendant deux ans à son apprentissage du chant.

Enfin, à l’automne 1906, Amelita fut invitée à chanter lors d’une représentation privée à laquelle assistait un chef d’orchestre renommé. Après l’avoir entendue, il la recommanda auprès d’un ami manager qui recherchait de jeunes talents peu exigeants sur le plan financier. Le lendemain, Amelita reçut sa première proposition professionnelle, à savoir le rôle de Gilda dans dix représentations pour la somme de 300 lires.

Le soir de sa première, son « Caro Nome » toucha le public qui l’acclama avec chaleur et enthousiasme. La soprano inconnue avait apposé sa première empreinte dans le monde de l’opéra, une empreinte qui resterait indélébile. Deux ans plus tard seulement, elle fut choisie pour interpréter Bettina dans le Don Procopio de Bizet et sa carrière ne fut plus remise en question.

Debut
Amelita à ses débuts

Après son mariage en 1908 avec le Marchése Luigi Curci, Amelita devint Mme Galli-Curci. Dans les premières années de leur union, Amelita chanta en Italie, en Egypte et en Amérique du sud, étoffant à chaque fois son répertoire. Après sa tournée en Italie en 1909, il fut déclaré dans le journal de Ravenne Il Foro Romagnolo, « Galli-Curci est une telle interprète qu’elle mérite le nom de diva et en l’écoutant, nous pensons à la virtuosité d’une autre époque. »

A chacun de ses passages, même les plus sceptiques reconnaissaient être en présence d’une grande artiste. Lors de sa première tournée en Amérique du sud, où on ne lui accorda que des rôles mineurs alors que des sopranos moins douées tenaient le haut de l’affiche, sa voix surpassa toutes les autres. Lorsque l’interprète officielle du rôle de Gilda tomba malade, Amelita fut désignée pour la remplacer. Le public, tout d’abord mécontent, tomba rapidement sous son charme et l’acclama tant qu’elle dut chanter le « Caro Nome » trois fois.

De retour en Italie, Amelita connut ce qui est peut-être la seule véritable déception de sa carrière. Avec beaucoup de grâce, elle avait accepté sans se plaindre les petits rôles proposés en Amérique du sud. Mais lorsqu’elle demanda au directeur de La Scala de pouvoir interpréter le rôle principal dans La sonnambula et qu’il ne lui offrit qu’un rôle mineur, elle lui déclara de sa voix inimitable, « Mon cher Mingardi, écoutez-moi attentivement, je ne remettrai jamais les pieds dans ce théâtre. » Elle tint sa promesse !

Dans les années précédant la guerre, sa carrière connut un bel essor et Amelita continua d’étoffer son répertoire. Elle fit une deuxième tournée en Amérique du sud et chanta également à Madrid et en Russie quelques mois avant que la Première Guerre mondiale n’éclate.

En 1915, Amelita fut invitée en Espagne où sa carrière faillit s’arrêter de façon brutale. En effet, elle contracta le typhus pendant le trajet et faillit mourir de la fièvre. Fort heureusement, elle fut suffisamment robuste pour résister à la maladie et put honorer ses engagements, dans un fauteuil roulant toutefois.

Plus tard cette même année, elle entama sa troisième tournée en Amérique du sud, Amérique centrale et à Cuba. Depuis La Havane, elle embarqua pour New York avec l’intention de rejoindre ensuite l’Italie. Son passage dans la grande ville américaine ne fut guère remarquée mais elle y rencontra le directeur de la Chicago Opera Company, qui la convainquit de repousser son départ pour apparaître dans deux représentations de Rigoletto à Chicago. Après l’avoir entendue pendant les répétitions, il décida de prolonger son contrat jusqu’à la fin de la saison.

Sa première apparition sur scène le 18 novembre 1916 (pour son 34e anniversaire) se fit devant un public insouciant qui, dans sa grande majorité, ne la connaissait pas. Mais son interprétation devait entrer dans l’Histoire. Son succès fut tel que les presses d’impression des journaux durent être arrêtées pour intégrer les critiques. Amelita avait conquis New York avec fracas.

Gilda, 1916
Dans le rôle de Gilda, en 1916
Son immigration aux Etats-Unis se conclut également par un contrat avec Victor Records. Après le succès rencontré à Chicago, une tournée fut rapidement organisée dans tout le pays et les enregistrements vocaux d’Amelita devinrent des best sellers. « Caro Nome » se vendit à 10 000 exemplaires lors de sa première sortie à Chicago, ce qui constitue un record pour l’époque. C’est grâce à ce contrat que nous pouvons aujourd’hui écouter la superbe technique vocale d’Amelita.

Deux ans plus tard, Amelita interpréta son rôle de prédilection dans Dinorah au Lexington Theater de New York. Elle fut rappelée 24 fois pour chanter la célèbre « Shadow Song » et reçut au total 60 ovations à la fin de l’opéra. Les critiques remarquèrent que sa grâce scénique ainsi que sa virtuosité vocale lui avaient permis de gagner l’amour du public.


Amelita Galli-Curci, Augusta College,
Rock Island, Illinois, 17 mai 1917

Amelita fit ses débuts au Metropolitan Opera dans le rôle de Violetta le 14 novembre 1921. Jusqu’en 1924, elle fut un membre permanent à la fois du Chicago Opera et du Metropolitan. Elle s’établit ensuite définitivement à New York jusqu’à sa retraite professionnelle. Sa dernière apparition sur scène eut lieu le 24 janvier 1930, dans le rôle de Rosina.
Rosina, 1930
Dans Farewell, en 1930


Amelita continua de donner des récitals à travers la planète mais sa voix souffrait de plus en plus, à cause notamment d’un goitre. Elle consentit enfin à subir une intervention chirurgicale en 1935. Elle tenta par la suite de revenir sur scène, au Chicago Civic Opera, mais le succès n’était plus au rendez-vous. Pendant la saison 1936-37, elle donna plusieurs récitals et reçut quelques critiques positives mais à 55 ans, Amelita était diminuée par les années et la maladie. Elle annula ses engagements pour la saison suivante et accepta sa retraite forcée avec la grâce que le monde entier lui avait toujours reconnue : « On ne joue pas toute sa vie avec les mêmes jouets ! » Elle vécut avec bonheur le reste de ses jours en compagnie de son second époux, Homer Samuels, à La Jolla, en Californie. C’est dans cette ville qu’elle s’est éteinte le 26 novembre 1963, huit jours avant son 81ème anniversaire.
Textes copyright © 2004-2007 par John Craton


Dinorah, 1917
Dans le rôle de Dinorah (son rôle préféré), en 1917


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